Introduction

L’être humain est un vertébré, aboutissement d’une longue évolution, dont le passage à la station verticale aurait entraîné de profondes modifications de la colonne vertébrale. Cette dernière est constituée de 24 vertèbres, os courts empilés et mobiles les uns par rapport aux autres. Cet ensemble ostéo-articulaire sert à la fois d’axe du corps et de protection de la moelle épinière, ensemble de nerfs qui, partant de l’encéphale (le terme « encéphale » signifie littéralement « dans la tête » et désigne tout le contenu de la boîte crânienne, c’est-à-dire le cerveau, le cervelet et le tronc cérébral), vont innerver tous les éléments de notre organisme : muscles, viscères, vaisseaux, glandes, etc. De ce rôle primordial du rachis vient l’importance de son impeccable fonctionnement. Fonctionnement qui peut être plus ou moins fortement perturbé dans les scolioses selon l’importance de celles-ci.

La scoliose idiopathique de l’adolescent (SIA) est une déformation tridimensionnelle et sinueuse de la colonne vertébrale. Elle est généralement progressive et apparaît surtout lors de la croissance de l’enfant. Contrairement à l’attitude scoliotique qui est quant à elle réductible, et qui peut être due par exemple à une différence de longueur des jambes (dont il suffira de corriger l’asymétrie pour voir la pseudo-scoliose disparaître), la vraie scoliose est une déformation non réductible.

Sachant que pratiquement l’ensemble de la population présente des déviations vertébrales plus ou moins importantes, on parlera de scoliose uniquement lorsque cette déviation dépasse les 10 degrés, seuil plus ou moins arbitraire qui nous épargne la représentation, un peu accablante, d’une Humanité quasi globalement scoliotique. Nous allons maintenant, succinctement, décrire son épidémiologie, ses causes, signes, symptômes et surtout sa prise en charge ostéopathique.

 

Épidémiologie

La SIA est un enjeu de santé publique car si elle n’est pas diagnostiquée et traitée à temps, elle peut conduire à une chirurgie lourde, onéreuse, et non exempte de risques et complications.

Cette déformation de la colonne débute le plus souvent durant la période péripubertaire et touche passablement plus de filles que de garçons. Elle affecte de 2 à 3 % de la population générale (Cochrane ; Romano M, Minozzi S, Bettany-Saltikov J, Zaina F, Chockalingam N, Kotwicki T, Maier-Hennes A, Negrini S; 27 octobre 2012), ce qui représente, pour un pays comme la Suisse, près de 170’000 personnes touchées par cette pathologie. Aussi, le taux de scolioses supérieures à 10 degrés nécessitant l’application d’un traitement orthopédique par corset vertébral est estimé à environ 10 %.

 

Causes

Bien que l’étiopathogénie exacte de la SIA ne soit pas encore connue, les spécialistes penchent actuellement pour une cause multifactorielle, telle que les dérèglements hormonaux, génétiques, biochimiques ou nutritionnels, entre autres.

 

Clinique

Les scolioses ne causent pas forcément des douleurs et, le plus souvent, elles sont décelées lors d’un examen clinique de routine. De là l’importance des contrôles ostéopathiques chez les enfants en croissance.

L’ostéopathe, avant de se prononcer sur le caractère idiopathique (une scoliose est dite « idiopathique » lorsqu’aucune cause n’a été identifiée) de la scoliose devra réaliser une anamnèse et un examen clinique minutieux.

À l’observation de l’enfant scoliotique debout, bras le long du corps et en sous-vêtements, l’ostéopathe pourra apprécier, par exemple :

  1. Une épaule plus haute que l’autre ;
  2. Une omoplate proéminente. Elle ressort plus que l’autre ou est d’une hauteur différente ;
  3. Une asymétrie au niveau de la ceinture. Les parents racontent parfois qu’ils ont l’impression que leur enfant a un côté de la hanche plus gros ou plus haut que l’autre ;
  4. Un espacement différent entre les bras et le tronc ;
  5. Une bosse ou gibbosité de l’un ou l’autre côté de la colonne vertébrale lorsque l’enfant se penche vers l’avant (on lui demande de toucher ses pieds). Ce test est appelé test d’antéflexion Adams.

Entre autres éléments de l’anamnèse, s’il s’agit d’une fille, l’ostéopathe demandera la date des premières règles afin de juger du degré de croissance résiduelle, sachant qu’au-delà de 18 mois après les premières règles il n’y a pas de croissance significative du rachis et donc peu de risque d’aggravation de la scoliose.

Si, à la fin de son anamnèse, de la mesure avec un scoliomètre et de son examen clinique, l’ostéopathe apprécie une SIA, et en période de croissance, c’est-à-dire potentiellement évolutive, il renseignera l’adolescent et ses parents de l’importance d’un traitement immédiat pour essayer de contenir l’évolution voire de diminuer la déformation vertébrale.

 

Traitement ostéopathique

Dans les cas de scolioses légères l’ostéopathe pourra sans autre commencer son traitement. Dans le cas d’une scoliose importante, présentant radiographiquement une courbe supérieure ou égale à 20°, l’ostéopathe pourra aussi initier et sans demeure un traitement ostéopathique mais en synergie obligatoire avec un médecin spécialiste en orthopédie pédiatrique qui fera un bilan et une surveillance radioclinique régulière.

Le traitement ostéopathique va comporter une partie « technique », où l’ostéopathe travaillera globalement sur les blocages articulaires, les chaînes musculaires et la sphère viscérale afin d’équilibrer les tensions de part et d’autre de la colonne vertébrale et potentialiser le pouvoir d’autoguérison de l’organisme. Il conseillera aussi l’enfant sur des exercices d’étirement et de renforcement musculaires et sur d’autres techniques d’assouplissement articulaire, sans oublier les conseils d’ergonomie, de sport, de nutrition et d’hygiène de vie, impliquant par exemple l’exposition au soleil, l’eau, la réduction du stress, les exercices physiques et les aliments complets et naturels (Dr Kevin Lau ; Votre programme pour la prévention et le traitement naturel de la scoliose).

 

Traitements médical et chirurgical

Dans les scolioses importantes, avec une courbure évolutive de 20° ou plus, un traitement par corset est mis en place et, au-delà de 45°, la scoliose est sévère et le traitement chirurgical est à discuter.

L’ostéopathe, par ses traitements efficaces contre la scoliose, fera tout ce qui est en son pouvoir pour éviter à l’enfant les désagréments du port constant d’un corset et surtout ceux d’une intervention chirurgicale lourde et non exempte de complications périopératoires comme les lésions neurologiques et infectieuses.

 

Conclusion

En raison de ses risques et coûts potentiellement lourds, la SIA doit être diagnostiquée le plus précocement possible. Pour ceci, tout enfant en période pubertaire de croissance rapide devrait bénéficier d’un examen et traitement ostéopathiques trimestriels complets. Les traitements ostéopathiques soutenus par des exercices d’assouplissement et renforcement, par une pratique sportive comme la natation et par une bonne hygiène de vie, sont les meilleurs atouts pour une croissance saine et harmonieuse de la colonne vertébrale.

 

Francisco Donoso
Directeur