Depuis 1990, on observe une forte augmentation des cas de déformations crâniennes chez les nouveau-nés. Cela coïncide avec la période où l’American Academy of Pediatrics a recommandé le couchage sur le dos afin de limiter les risques de mort subite du nourrisson. Ce type de déformation est appelé plagiocéphalie. Elle peut soit être due à une fermeture précoce d’une ou plusieurs sutures crâniennes, appelée crâniosynostose ou crâniosténose, nécessitant une prise en charge par un neurochirurgien ; soit être « positionnelle », résultant donc d’un appui prolongé dans une même position, car il faut savoir qu’à la naissance, les os du crâne sont mous et non fusionnés.

La plagiocéphalie positionnelle touche 1/3 des enfants et apparaît généralement dans les 3 premiers mois de vie. Le diagnostic peut être posé par le pédiatre ou l’ostéopathe simplement à partir de l’anamnèse (entretien en début de séance) et de l’examen physique, sans nécessité d’examens complémentaires (radiographies, scanner, IRM…). Il est important d’écarter le diagnostic de crâniosténose qui, contrairement à la plagiocéphalie positionnelle, nécessite une intervention chirurgicale car elle peut avoir des conséquences graves sur la croissance du cerveau (hypertension intracrânienne) et au niveau esthétique (déformation de la face).

La prise en charge de la plagiocéphalie reste encore très hétérogène en fonction des praticiens de santé et va de l’abstention thérapeutique à l’orthèse crânienne (casque) en passant par les thérapies manuelles. Il existe deux grands types de facteurs de risque pouvant favoriser la déformation :

 

Les facteurs de risque non modifiables, par exemple :

– Le sexe (prévalence chez les garçons) ;
– La durée du travail ;
– L’utilisation d’instruments (forceps, ventouse) ;
– La prématurité ;
– Les troubles du développement moteur ;
– La carence en vitamine D durant la grossesse (rachitisme).

 

Les facteurs de risque modifiables, par exemple :

– Les tensions musculo-fasciales cervico-dorsales ;
– Les dysfonctions articulaires de la colonne vertébrale ;
– Le torticolis congénital, existence d’un côté préférentiel (l’enfant regarde souvent du même côté) ;
– Le temps passé allongé sur le dos.

 

Par définition, il est impossible de changer les facteurs de risque non modifiables, en revanche l’ostéopathe peut intervenir sur les facteurs modifiables, et conseiller les parents au mieux afin de soigner ou de limiter les chances d’apparition et/ou d’aggravation de la plagiocéphalie.

En ostéopathie, cela passe par un traitement manuel tout en douceur au niveau des muscles, des fascias, des sutures crâniennes, mais aussi des articulations cervicales, qui visera à libérer toute restriction de mobilité, permettant ainsi à l’enfant de retrouver l’amplitude complète de la rotation de la tête et de ne plus avoir un appui prolongé sur une même zone, mais de le répartir sur toute la partie postérieure du crâne.

Il est nécessaire de consulter votre ostéopathe le plus tôt possible car plus l’enfant grandit, plus la capacité de déformation du crâne diminue, ainsi que les chances de réussite du traitement manuel. Idéalement, il est recommandé de consulter dès le premier mois (voire dès les premiers jours) afin de faire un premier bilan et de savoir comment s’est déroulé l’accouchement (grossesse, durée du travail, utilisation d’instruments, position…), dans le but de déterminer les contraintes qui ont pu s’appliquer sur le crâne de l’enfant. Une seconde consultation est conseillée au deuxième mois car c’est le moment où l’on peut commencer à voir apparaître une déformation postérieure.

Ces quelques conseils peuvent d’ores et déjà vous aider à prévenir l’apparition d’une plagiocéphalie positionnelle, ou compléter un traitement en ostéopathie :

–  Favoriser le portage du bébé ;
–  Tapis d’éveil dès le premier mois ;
–  Position ventrale au moins 5 min par jour et sous surveillance ;
–  Alterner la position de la tête lors des périodes de sommeil ;
–  Privilégier les vêtements souples et légers facilitant les mouvements ;
–  Interagir avec l’enfant (stimulations visuelles et sonores) alternativement des deux côtés ;
–  Orienter le lit en fonction des stimuli (lumière, porte d’entrée…) afin d’inciter l’enfant à tourner la tête du côté non préférentiel ;
–  Lui tourner soi-même la tête, sans forcer ;
–  Surélever l’épaule du côté préférentiel avec un linge afin d’incliner le buste de l’autre côté.

À la Policlinique Ostéopathique de Lausanne, nos ostéopathes possèdent des compétences spécialisées dans la prise en charge des nourrissons et sauront les traiter. Dans les rares cas difficiles, ils sauront vous orienter vers des spécialistes de l’orthèse crânienne. Dans ces cas-là, notre collaboration privilégiée avec l’équipe spécialisée d’OrthoKern (www.ortho-kern.ch) donnera à votre enfant toutes les chances d’une remodélisation de sa tête.

 

Audrey Bachir-Bey
Ostéopathe