La thérapie par les plantes, ou phytothérapie, est pratiquée depuis des millénaires. Ainsi, le premier texte que l’on connaisse à ce sujet est gravé sur une tablette d’argile datant de 3000 ans avant J.-C. qui nous éclaire sur l’utilisation pertinente, déjà en cette époque lointaine, de plantes telles que le myrte, le chanvre, le thym ou le saule.

C’est donc depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne que des médecins tels qu’Hippocrate (460 av. J.-C. – 377 av. J.-C., médecin et philosophe grec considéré comme le « père de la médecine »), Dioscoride (20-40 ap. J.-C. – vers 90 ap. J.-C., médecin, pharmacologue et botaniste grec dont l’œuvre a été une source de connaissance durant plus de 1500 ans), Paracelse (1493 – 1541, médecin-chirurgien innovateur et philosophe suisse, très attiré par les forces guérisseuses de la Nature) ou Still (1828 – 1917, médecin américain et fondateur de l’ostéopathie, profondément convaincu du pouvoir naturel d’auto-guérison du corps humain quand on lui donne les moyens diététiques et ostéopathiques nécessaires), ont accordé une importance fondamentale à la nature pour la conservation ou la récupération de la santé. D’ailleurs, n’oublions pas que les plantes ont représenté l’essentiel de notre pharmacopée jusqu’à la fin du XIXe siècle. « Medicus curat, natura sanat » (le médecin soigne, la nature guérit) est un proverbe latin très ancien, très connu, très récité, mais toujours valide et toujours là pour nous le rappeler.

En vieillissant, à cause de la dégénérescence des gaines de myéline et la fibrose des tissus environnants, les nerfs peuvent fonctionner plus lentement. Ceci peut conduire à une diminution sensitive, à des réflexes plus lents et autres dysfonctions neurologiques.

Mis à part les origines organiques (par exemple le diabète), ces perturbations peuvent avoir une origine fonctionnelle et être aggravées par une diminution du débit sanguin et/ou des pressions mécaniques sur certains nerfs. Dans les dysfonctions auditives et visuelles, par exemple, on voit souvent impliquées des dysfonctions somatiques des articulations temporo-mandibulaires, de la base du crâne, de la charnière cranio-cervicale, ou encore de l’ensemble de la colonne cervicale et dorsale haute, par leur relation étroite avec les systèmes vasculaire, lymphatique et nerveux autonome. À ces dysfonctions d’origine mécanique viennent se greffer, parfois, des déficiences en vitamines, sels minéraux et autres compléments alimentaires.

L’ostéopathe, après une anamnèse approfondie pour écarter toute pathologie organique qui nécessiterait la collaboration d’un médecin spécialiste, interviendra par des techniques ostéopathiques douces afin de libérer les zones dysfonctionnelles et d’améliorer ainsi l’innervation et la vascularisation perturbées. Aussi, quand son diagnostic l’estime nécessaire, l’ostéopathe n’hésitera pas à recommander une meilleure nutrition, des compléments alimentaires ou des médicaments à base de plantes comme adjuvants et potentialisateurs à son traitement. Il faut aussi bien comprendre que tous les compléments peuvent interagir plus ou moins négativement avec la prise d’autres compléments, de médicaments ou avec certaines maladies, raisons pour lesquelles l’avis du médecin est nécessaire dans certains cas.

Parmi les nombreuses plantes qui sont censées protéger du déclin des fonctions cognitives et vous aider à garder un cerveau jeune et dynamique, nous allons vous présenter quelques-unes de celles qui jouissent d’une sérieuse approbation scientifique :

 

Les végétaux pourvoyeurs d’oméga 3

Il faut rappeler que le corps ne peut pas produire ces acides gras polyinsaturés et que, par conséquent, l’alimentation en est la seule source. Contrairement à une idée répandue, le poisson, même s’il en est le pourvoyeur le plus riche, n’est pas la seule source d’oméga 3. Les algues et autres végétaux comme l’huile et les graines de lin, l’huile de colza, l’huile et les graines de chanvre, les graines de citrouille ou les noix de Grenoble en sont aussi des grands pourvoyeurs.

Ces dernières années, les résultats de diverses études scientifiques arrivent à la conclusion que, consommées sous les formes naturelles ou sous forme de préparations de compléments alimentaires, ces acides gras jouent un rôle déterminant pour la santé :

  1. Ils atténuent l’inflammation chronique, responsable de sérieuses pathologies comme l’arthrite, le cancer ou la dégénérescence mentale comme la maladie d’Alzheimer ;
  2. Ils sont très bénéfiques pour les fonctions mentales comme la concentration, l’humeur et la mémoire, et contribuent à une augmentation du volume cérébral ;
  3. Par leur rôle fluidifiant sur le sang et leur impact positif sur les vaisseaux, ils ont un rôle protecteur sur le système cardio-vasculaire ;
  4. Ils permettent aussi une bonne santé oculaire et sont également salutaires pour la peau et de nombreux organes.

 

Le ginkgo biloba

L’arbre Ginkgo est vraiment extraordinaire. Il appartient à la plus ancienne famille d’arbres connue (cette famille était là 40 millions d’années avant les dinosaures !), sa longévité dépasse les 1000 ans et sa résistance n’est plus à démontrer car il fut la première espèce d’arbre à repousser suite à l’explosion de la bombe atomique d’Hiroshima, alors que cet arbre était situé à moins de 1 km de l’hypocentre de l’explosion.

Dernièrement on a pu lire des articles ôtant de l’importance thérapeutique au ginkgo mais, comme l’écrit le Dr Kurt Hostettmann, Professeur honoraire à l’UniGE et à l’Unil, « les publications positives sont plus nombreuses. Une publication parue dans Journal of Psychiatric Research, arrive à la conclusion que l’administration quotidienne de 240 mg d’extrait de ginkgo à des patients atteints de démence sénile résulte en une amélioration des fonctions cognitives, de la psychopathologie et de la qualité de vie » (K. Hostettmann ; RMS ; 28 janvier 2015 ; p. 251).

Les facultés thérapeutiques de cet arbre sont connues par les Chinois déjà dans l’Antiquité, comme le démontre le traité Chen Noung Pen T’sao qui date de 2600 avant J.-C. Le ginkgo biloba favorise une bonne circulation sanguine par ses actions anticoagulante, antiagrégante, vasodilatatrice et veinotonique, offrant ainsi un excellent bénéfice thérapeutique dans des pathologies telles que :

  1. Les pertes de mémoire ;
  2. Les maux de tête ;
  3. La baisse d’audition et les acouphènes ;
  4. La maladie d’Alzheimer à ses débuts ;
  5. L’anxiété ;
  6. Les troubles de la vue (rétinopathie, glaucome, dégénérescence maculaire liée à l’âge) ;
  7. Les vertiges.

Le traitement dure au moins 3 mois car les effets mettent du temps à se manifester et il n’est pas recommandé chez les femmes enceintes, les hémophiles ou les personnes sous traitement anticoagulant.

 

Le café

Un jour, vers le XIIe siècle et selon la légende, Kaldi, un berger du Yémen qui faisait paître ses chèvres dans la montagne, observa que celles-ci sautillaient sans cesse et semblaient pleines d’énergie après avoir mangé les baies d’un arbuste qui lui était inconnu. Étonné, il apporta les graines aux religieux de son village qui y virent d’abord les fruits du Malin et les jetèrent au feu. Cependant, l’odeur qui se dégagea ensuite du brasier leur plut tellement qu’ils retirèrent les baies du feu et en firent par la suite le fameux breuvage, qui se répandra dans tout le Moyen-Orient puis en Europe vers 1600.

« Au début du XVIIIe siècle, Jean-Sébastien Bach a écrit une cantate à la gloire du bon café, lequel méritait entièrement l’hommage : outre le plaisir, cette boisson apporte toutes sortes de bienfaits confirmés par les études cliniques. » (Drs Bertrand Graz & Jacques Falquet, Les 33 plantes validées scientifiquement, Éd. Favre). Parmi les bienfaits du café relatifs à la performance cérébrale, on peut souligner :

  1. Un moyen de lutte contre la maladie d’Alzheimer ;
  2. Une stimulation de la mémoire ;
  3. Une stimulation des facultés d’apprentissage ;
  4. Une réduction du déclin des fonctions cognitives ;
  5. Une diminution de la neuro-inflammation.

 

Le thé vert

Dans « Le livre des chants », un ouvrage chinois du VIIIe siècle avant J.-C., on trouve déjà mentionné le thé vert. Excellent breuvage d’abord réservé aux notables, il ne devint populaire en Chine qu’au cours de la dynastie Tang, vers le VIIIe siècle de notre ère. Par la suite, ce n’est que dans le courant du XIXe siècle et après moult péripéties que le thé vert arriva en Europe grâce à la marine marchande hollandaise. L’engouement pour cette boisson fut tel en Angleterre que, dans les années 1800, on lui consacra une pause quasi officielle, le « five o’clock tea ».

Au cours des dernières années, diverses publications montrent que la boisson régulière de thé vert :

  1. Peut prévenir la démence sénile, voire la traiter ;
  2. Est un excellent neuro-protecteur ;
  3. Améliore les fonctions cognitives ;
  4. Améliore la mémoire et l’attention ;
  5. Stimule la circulation sanguine cérébrale.

 

Le millepertuis

On trouve déjà des indications de cette plante dans les ouvrages de Dioscoride et Pline l’Ancien, au Ier siècle de notre ère. Utilisé dans l’Antiquité comme remède aux troubles psychiques, au Moyen Âge on s’en servait aussi comme remède apotropaïque (qui vise à détourner les influences maléfiques) et pour exorciser les démons, d’où son nom de « Fuga dæmonum ». Continuant cette vision psychothérapeutique du millepertuis, Paracelse écrivait avec des mots de son époque : « Tous les médecins doivent savoir que Dieu a pourvu cette plante de grands arcanes, ne serait-ce qu’à cause des esprits et des maléfices qui poussent l’homme au désespoir. »

De nombreuses études cliniques rigoureuses ont révélé l’efficacité du millepertuis contre :

  1. La nervosité ;
  2. Les troubles de l’humeur comme la dépression nerveuse ;
  3. L’anxiété ;
  4. Les insomnies.

 

Le curcuma

On retrouve des écrits sanskrits sur le curcuma (safran des Indes) datant de 4000 ans avant J.-C. Il est d’ailleurs l’un des éléments essentiels de la médecine ayurvédique. En Europe, son importation est relativement récente, puisqu’elle se fait par les Britanniques depuis leur Empire des Indes. L’histoire du curcuma est loin d’être finie puisque de nombreuses recherches sur ses innombrables effets positifs sont actuellement en cours.

Parmi ses nombreux bénéfices cérébraux, on peut souligner ceux-ci :

  1. Efficacité contre la perte de mémoire liée à l’âge ;
  2. Amélioration des troubles de l’humeur ;
  3. Préservation de la santé du cerveau chez les personnes âgées ;
  4. Protection contre la maladie d’Alzheimer.

 

Le romarin

On lui prêtait des effets stimulants cérébraux déjà dans la Grèce antique. À cet effet, les intellectuels grecs, écrivains, politiciens et autres philosophes, ceignaient leur tête de couronnes de romarin et les parents frottaient les fronts de leurs chérubins pour « les rendre plus intelligents ».

Voici quelques indications thérapeutiques démontrées et concernant uniquement notre système nerveux central :

  1. Combattant antistress et antifatigue ;
  2. Stimulateur de l’activité cérébrale ;
  3. Amélioration du sommeil ;
  4. Amélioration de la mémoire ;
  5. Atténue les problèmes de concentration ;
  6. Prévient les maladies neurodégénératives ;
  7. Favorise la production du facteur de croissance nerveuse (NGF – Nerve Growth Factor).

 

La myrtille

Cette plante, découverte en Amérique du Nord par les Amérindiens, fut une véritable arme pour les pilotes de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre Mondiale, car elle améliorait la vision nocturne et diminuait les éblouissements. Pour ces raisons elle fut surnommée le « fruit de la vue ».

Parmi ses nombreux atouts pour la santé, on citera :

  1. La prévention des risques de maladies de la rétine ;
  2. La restauration de la mémoire chez les personnes âgées ;
  3. Le renforcement de la vision et l’amélioration de ses troubles comme, par exemple, la myopie ;
  4. Des effets neuro-protecteurs ;
  5. La prévention du déclin des capacités intellectuelles ;
  6. Le ralentissement de la maladie d’Alzheimer.

 

Francisco Donoso
Directeur